De anathematis vinculo, Gélase, séparation de l'Église et de l'État, religion, Saint-Augustin, séparation des pouvoirs, augustinisme politique
Gélase Ier fut Pape au premier siècle de cette période, de 492 à 496. Premier Pape kabyle, il succède au Pape Félix III dès le jour du décès de ce dernier, après avoir été son proche collaborateur. L'histoire n'a laissé que peu d'éléments biographiques à son sujet, toutefois sa pensée a traversé les siècles grâce notamment à ses traités théologiques (par exemple Contre Eutychès et Nestorius) et ses lettres, particulièrement une lettre à l'empereur Anastase qui constitue l'un de ses héritages clés. L'une des idées essentielles qu'il a développées, entre autres dans cette lettre, et la séparation des pouvoirs de l'Église d'une part et de l'Empire d'autre part.
[...] Ensuite, il reconnaît la mission commune à toute autorité sur les hommes, à savoir celle de « pourvoir au salut des fidèles » (l. 9). Ce faisant, il donne les conditions dans lesquelles une confusion a pu être faite : deux autorités étant chargées des mêmes objectifs (et mes « devoirs » dans les termes du texte, ligne la fusion des autorités est arrivée historiquement. Cette fusion des autorités a cependant pu être bonne ou mauvaise. La fusion des rôles de « vrai roi et pontife » (l.6) n'est le propre que du Christ. [...]
[...] Il convient de noter qu'en pratique un tel positionnement était tout à fait approprié pour Gélase, alors Pape en désaccord avec le pouvoir politique de Byzance. Les successeurs de Gélase adopteront la même doctrine en l'accentuant. [...]
[...] La hiérarchisation entre Eglise et Etat n'est pas très clairement établie dans ce texte de Gelase Ier. En effet, malgré les indices susmentionnés, l'extrait se conclut sur une phrase semblant constituer un retour en arrière sur cette idée de hiérarchisation. L'auteur précise en effet « Celui qui milite pour Dieu ne s'implique nullement dans les affaires séculières ; et réciproquement celui qui est impliqué dans les affaires séculières n'appara[ît] pas présider aux choses divines » (l.14-16). A l'inverse de ses propos antérieurs, l'auteur pose ici une séparation stricte des deux pouvoirs, et non plus une interdépendance semblant offrir une situation de domination à l'une des autorités. [...]
[...] Le Pape Saint Grégoire le Grand (590-604) ira plus loin encore que Saint Gélase en se considérant comme mentor des rois et empereurs. Saint Isidore de Séville (560/570-636) ira pour sa part jusqu'à proclamer la soumission des rois au clergé et destituer des rois. Ces trois Papes ont ainsi successivement et progressivement construit ce qui sera ultérieurement qualifié d'augustinisme politique. Gélase Ier établit donc dans cet extrait du De anathematis vinculo la distinction et la séparation nécessaires opérées par le Christ entre l'Eglise et l'Etat, autant dans leur mission que dans les institutions ; la séparation des missions entre les institutions assurant un équilibre des pouvoirs et évitant que l'histoire ne fasse à nouveau place à la faiblesse humaine qui, en des rois, s'est arrogé de manière illégitime les pouvoirs de l'Eglise pour servir leur fins temporelles, et non poursuivre le salut des hommes de la société. [...]
[...] Cette pensée de Gélase semble s'inscrire dans le sillon de la doctrine de Saint Augustin, voire proposer de l'étayer en hiérarchisant les deux autorités reconnues. II- La séparation de l'Église et de l'État par Gélase comme interprétation procédant de l'augustinisme politique La vision proposée par Gélase dans le présent texte n'est pas sans rappeler la pensée de Saint Augustin sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Elles ont des traits clairement similaires bien que Gélase semble diverger en hiérarchisant ces autorités. En cela, il initie une nouvelle pensée qui sera qualifiée d'augustinisme politique. [...]
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