Second traité de gouvernement civil, John Locke, pouvoir politique, libéralisme, libéralisme politique, théorie lockienne de la propriété
Le Second Traité de gouvernement civil de John Locke (1632-1704), duquel est extrait le texte ci-commenté, a été publié en 1690. Il s'inscrit dans la controverse sur l'origine, la nature et la légitimité du pouvoir politique animant la philosophie au moins depuis la Grèce antique.
Philosophe et investisseur anglais, Locke est l'une des figures majeures du libéralisme naissant. Ses participations financières à la Royal African Company, principale entreprise négrière du pays, font cependant de lui un Janus à double face : penseur censé décrire le monde par ses concepts d'un côté, capitaliste matériellement attaché à un certain type d'organisation socio-politique de l'autre. D'où la nécessité d'une lecture critique de son oeuvre philosophique, que l'on peut légitimement soupçonner de parti pris justifiant a posteriori l'organisation sociale de laquelle il tire profit.
[...] Elle est par ailleurs purement formelle. En effet, comme dit précédemment, l'état de nature suppose l'absence d'organisation sociale : il ne peut logiquement y avoir d'inégalité socialement instituées ; mais quid des inégalités imposées par la force des choses ou par la force des gens ? Car si le « pouvoir » et la « juridiction » sont théoriquement équitablement répartis, les objets sur lesquels ils s'exercent ne le sont pas en pratique. Qui possède plus de biens possède plus de pouvoir effectif sur le monde et sur les autres, quand bien même aucune société ne viendrait légitimer cet état de fait. [...]
[...] Il en dérive des droits et devoirs subjectifs intemporels et inviolables, constitutifs du libéralisme politique en devenir. II - Le libéralisme politique, produit nécessaire d'une Loi naturelle divine dévoilée par la raison Si les Hommes sont naturellement libres et égaux, ils n'en restent pas moins soumis à un impératif de respect de la liberté et de la propriété d'autrui. Pour Locke, cette loi, résultant du caractère divin de la création humaine se révèle par l'intermédiaire de la raison Cette dernière ne peut qu'en conclure la légitimité exclusive d'un pouvoir politique libéral. [...]
[...] Il est posé dès les premières lignes comme réponse à la question suivante : quel est le fondement du pouvoir politique ? Dans cet extrait, Locke nous invite à remonter à l'origine du pouvoir politique à partir d'une certaine conception de l'état de Nature, où les Hommes évolueraient en pleine liberté et dans le cadre d'une égalité formelle A partir de ces postulats, il en déduit l'existence de droits subjectifs naturels, dérivant d'une loi naturelle d'origine divine et imposant à la raison un pouvoir politique de type libéral (II). [...]
[...] En revanche, le rapport de l'individu à lui-même et à « ses » possessions est conçu comme immanent, dans un rapport direct, sans médiation sociale. La possession privative de soi et de biens serait donc un fait naturel et non un produit culturel inhérent à un certain type d'organisation sociale (libérale). On le voit, cette « liberté incontrôlable de disposer de sa personne et de ses possessions » (l.15-16) est présentée par Locke comme une donnée naturelle préalable à toute organisation sociale. Elle est le fruit inconditionnel de l' « état de nature » imaginé par la philosophe. [...]
[...] La pensée de Locke n'en reste pas moins fondatrice d'un courant de pensée politique encore présent aujourd'hui. La notion de « droits de l'Homme », consacrée en France en 1789 puis à l'échelle mondiale en 1948, témoigne de la puissance que cette pensée possède encore, et de ses conséquences politiques et juridiques (droits et libertés fondamentales perçus comme des droits naturels non contingents). Philosophie contingente et matériellement intéressée, la pensée lockienne apparaît dès lors ambivalente : justifiant parfois l'injustifiable par un raisonnement biaisé, elle se révèle néanmoins féconde par son rejet de l'absolutisme d'un Jean Bodin ou d'un Thomas Hobbes, le droit reconnu à la dissidence contre un pouvoir illégitime, en bref la mise en avant de droits subjectifs individuels opposables à tout pouvoir politique. [...]
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