Dans quelle mesure l'avocat de la défense est-il perçu comme une nécessité démocratique tout en suscitant la méfiance ?

Extraits

[...] On a là une illustration de l'avocat pénaliste comme se le représente une bonne partie de l'opinion publique. À l'image du crime dont est accusé son client, fervent défenseur d'une cause semblant moralement insoutenable et portant atteinte à l'intégrité morale des parties civiles. Mme Carine Durrieu Dielbot dénonce une victimisation secondaire, déjà victime du fait des agressions sexuelles, les plaignantes sont maintenant maltraitées dans un cadre judiciaire, elles sont cette fois-ci victimes de la justice. « Il était plus difficile d'affronter Jérémie Assous que Gérard Depardieu, parce qu'il est beaucoup plus agressif et qu'il ment comme un arracheur de dents », ces mots, ce sont ceux de la première plaignante. [...]

[...] Néanmoins, le fondement même de la justice est son impartialité. Une impartialité qui ne saurait faire bon ménage avec la dérive moderne vers un tribunal de l'émotion, comme l'appel bon nombre d'universitaires. Certaines affaires et les décisions qui en sont tirées sont susceptibles de provoquer le soulèvement du public. Face à des faits d'une gravité excessive ou face à un châtiment manifestement insuffisant, les réactions ne cessent de se démultiplier. L'opinion publique ne saurait garder le silence plus longtemps lorsque la justice semble manquer de considération envers certaines causes. [...]

[...] C'est un équilibre précaire qui doit être maintenu, celui de défendre son client tout en évitant de se laisser aller à la séduction de l'opinion publique, à la pression des parties civiles. C'est la tension entre la nécessité de défendre un homme, aussi détestable soit-il, et l'indignation légitime de la société face à ces crimes. L'avocat n'est ni un héros ni un lâche, il est un garde-fou qui, tout en étant lui-même sous pression, doit préserver ce qui fait la dignité d'un système judiciaire : la défense des droits de l'homme, même ceux que l'on juge indéfendables. [...]

[...] En mars dernier, près de 200 avocats ont composé une tribune suite au procès de Gérard Depardieu, accusé pour agressions sexuelles dans le cadre du tournage d'un film. Dans cette tribune, on retrouve une dénonciation de la défense qu'a mise au point l'avocat de l'accusé, Jérémie Assous. Cette plaidoirie a été considérée par la tribune comme « misogyne » allant au-delà, mais surtout à l'encontre des droits de la défense. En effet, maître Assous a adopté une stratégie violente et teintée de sexisme afin d'accomplir sa mission. [...]

[...] Pour penser une telle chose, il faut en premier lieu considérer l'indéfendable comme existant. Pour maître Bonnant un avocat, ou plutôt un bon avocat, dans son intériorité, ne peut nullement considérer quoique ce soit comme impossible à plaider. Ensuite, l'avocat ne doit aucunement faire entrer en jeu ses croyances dans sa fonction. Dès lors, nul ne semble être indéfendable et ce n'est jamais d'une cause dont il s'agit. Ce que l'avocat défend, c'est un homme, un humain avec toutes ses expériences passées. [...]