Un vote inédit des Etats-Unis

Peu après le vote inédit des Etats-Unis, Moscou a souligné cette position qu’il a qualifié d’équilibrée, notant à ce sujet que Washington « se concentre réellement sur les efforts visant à résoudre le conflit » ayant lieu en Ukraine. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskiv s’est félicité de ce vote et de cette prise de position. 


Il nous faut revenir au 23 février 2025 lorsque les Etats-Unis, impulsés par la politique de son nouveau président, Donald Trump, ont de manière inédite décidé de se rallier à la Fédération de Russie en participant à différents votes au sein de l’Organisation des Nations Unies au regard du conflit en Ukraine, trois ans après l’invasion injustifiée de ce territoire par les forces armées russes. Selon la diplomatie américaine, ces prises de positions sans précédent visent à ce qu’une issue rapide soit trouvée au conflit, sans pour autant accuser la Russie et sans défendre également les frontières ukrainiennes. 


Ces votes revêtent la nature d’un changement pour le moins catégorique, profond au regard de la politique menée par Washington jusque maintenant. En effet la précédente administration, celle dirigée par Joe Biden, avait toujours démontré son soutien envers l’Ukraine. La Maison Blanche, par la voix de son ambassadrice à l’Organisation des Nations Unies a considéré que cette position américaine constitue un « accord historique ».

Peu avant, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté une résolution qui avait été proposée par l’Ukraine et certains États européens. Sur un total de 193 membres à l’ONU, celle-ci avait été votée par 93 voix pour, 18 contre et 65 abstentions. Ceci démontrait alors la volonté de soutenir l’Ukraine, victime de l’invasion russe. Les Etats-Unis, accompagnés du Bélarus ou encore de la Hongrie avaient voté contre cette résolution. La Russie, elle aussi, a voté contre considérant par la voix de son ambassadeur, Vassili Nebenzia, qu’il ne s’agissait là rien moins qu’un « morceau de papier anti-russe ».

Cette première résolution insiste sur la nécessité, sur l’urgence d’arrêter la guerre et les conflits actuellement en cours en Ukraine, qu’il faut y mettre un terme « cette année » et reprend des précédentes demandes formulées précédemment par cette même Assemblée générale des Nations Unies, à savoir : un retrait immédiat du sol ukrainien par les forces armées russes, de même qu’un arrêt immédiat des hostilités actuellement en cours et menées par la Fédération de Russie.


La volonté américaine d’une paix « durable »

Les États-Unis de Donald Trump ont, en parallèle, proposé à cette Assemblée générale un texte concurrent concernant la situation actuelle en Ukraine. C’est ainsi que cette résolution demande la fin rapide du conflit sans qu’il ne soit finalement fait référence à l’intégrité du territoire ukrainien. Celle-ci intervient à l’instant où l’administration de Donald Trump se rapproche de Vladimir Poutine et où le président américain se montre particulièrement distant et critique envers son homologue ukrainien. 

La courte proposition de résolution, qui plaidait en faveur d’un fin rapide du conflit « et plaide pour une paix durable » a cependant été modifié avant d’être soumis au vote des membres de l’Assemblée générale. Certains États membres avaient souhaité que la résolution demande une « paix juste ». 


Ce texte fut en fin de compte adopté par 93 voix pour, 8 contre, et 73 abstentions. Ce vote revêt la nature d’un « message fort » selon Mariana Betsa qui avait lu une déclaration commune de représentants d’alliés de Volodymyr Zelensky. 

Toutefois il nous faut noter que le court texte américain dans sa version originale fut présenté au Conseil de sécurité de l’ONU où il remportait une victoire remarquable. Sous les paroles de l’ambassadrice par intérim des États-Unis, Dorothy Shea, la résolution en cause « représente un chemin vers la paix », insistant sur le fait que celle-ci s’inscrit en contradiction avec les « rivalités rhétoriques » au sein de l’Assemblée générale.

10 voix pour, 0 contre : une victoire remarquable

L’ensemble des amendements qui avaient été proposés par les 4 membres de l’Union européenne (à savoir : la France, la Slovénie, la Grèce et le Danemark) ainsi que le Royaume-Uni ont été rejetés. En fin de compte, la résolution fut adoptée par 10 voix pour, 0 contre. À noter ici que les États membres de l’Union européenne précités (dont la France) et le Royaume-Uni ont tous décidé de s’abstenir, refusant de la sorte d’utiliser leur veto afin de bloquer l’adoption de cette résolution.

Afin d’apporter des arguments à l’égard de ce choix effectué par le Royaume-Uni, Barbara Woodward, l’actuelle ambassadrice britannique, a déclaré que bien que cette guerre soit « illégale » et constitue « une violation claire de la charte de l’ONU et une menace pour les principes fondateurs (…) les termes de [la] paix ont leur importance. » 

L’ambassadeur français, Nicolas de Rivière, a pour sa part considéré que la paix, souhaitée par tous et plus encore par l’Ukraine, ne saurait « en aucun cas être synonyme de capitulation de l’agressé. »

Les déclarations du Kremlin à cet égard ne se sont pas faites attendre. En effet la Fédération de Russie a relevé et constaté la « position équilibrée » portée par les Etats-Unis. Et finalement de souligner, par la voix de Dmitri Peskov, que cette position de l’administration Trump « se concentre  réellement sur les efforts visant à résoudre le conflit ukrainien. »

Références

https://www.lefigaro.fr/international/ukraine-le-conseil-de-securite-de-l-onu-adopte-le-texte-americain-avec-le-soutien-russe-20250224

https://www.leparisien.fr/international/ukraine-quest-ce-que-ce-texte-adopte-par-le-conseil-de-securite-de-lonu-avec-le-soutien-de-washington-et-moscou-25-02-2025-UPDDBVPH35ATPCF5JMFXYHO6GY.php

https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/les-etats-unis-veulent-soumettre-leur-resolution-du-conflit-en-ukraine-a-lonu-2150315

https://news.un.org/fr/story/2025/02/1153361