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L'arrêt Jacques Vabre du 24 mai 1975

Cette décision rendue par la Chambre mixte de la Cour de cassation en date du 24 mai 1975 intervient quelques mois après la décision du 15 janvier 1975 du Conseil constitutionnel au regard des dispositions d'une loi par rapport à une convention internationale. Dans le cas d'espèce, le Conseil constitutionnel a invité les juges administratif et judiciaire, et donc les juges ordinaires, à répondre à cette question des rapports loi-convention internationale.

L'Arrêt Jacques Vabre du 24 mai 1975

Credit Photo : VisualHunt Thomas Hawk


Le problème de droit posé

La question qui était posée était celle de savoir si le juge judiciaire est en mesure de contrôler la conventionnalité d'une loi et donc la conformité d'une loi par rapport à une convention internationale ? Si oui, est-il également en mesure de le faire par rapport à une loi postérieure à un traité ?


Les dispositions de l'arrêt

La Cour de cassation s'est expressément déclarée compétente pour contrôler la conventionnalité d'une loi en procédant, pour ce faire, à une interprétation stricte des dispositions de l'article 55 de la Constitution : elle reconnait la primauté du droit communautaire, et ce, même sur les lois postérieures. Celui-ci prime donc, peu importe que la loi soit antérieure ou postérieure.

Ainsi, dans le cas de l'espèce, la Chambre mixte de la Cour de cassation a confirmé l'importance de cet article 55 et a refusé d'appliquer une loi interne contraire au Traité instituant la Communauté européenne (aujourd'hui le Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne).

La loi qui prévoyait l'instauration d'une imposition supérieure des produits qui étaient importés d'un autre État membre de la Communauté n'a pas été appliquée, quand bien même celle-ci fut intervenue postérieurement.


En bref, que retenir de cette décision ?

Dans cet arrêt, la Chambre mixte de la Cour de cassation, le 24 mai 1975, a retenu que les Communautés européennes ont créé un ordre juridique particulier directement applicable aux ressortissants des États membres. Celui-ci, outre le fait qu'il soit directement applicable, est également supérieur aux ordres juridiques des États membres.

Ainsi, la Cour de cassation fait prévaloir les dispositions constitutionnelles de l'article 55 de la Constitution de 1958 qui prévoit, dans les grandes lignes, que les conventions internationales ont autorité supérieure à celle des lois.

Finalement, au moment où cet arrêt est rendu, au vu de la jurisprudence des différents juges, le Conseil d'État refuse d'appliquer les dispositions de l'article 55 de la Constitution et applique donc les dispositions de la loi même postérieure ; le Conseil constitutionnel a refusé de se prononcer à ce sujet, et, la Cour de cassation refuse l'application de la loi et fait primer la convention internationale et donc l'article 55... La jurisprudence, à cet égard, s'harmonisera doucement par deux jurisprudences, l'une du Conseil constitutionnel en date du 21 octobre 1988, Élections législatives de 1988 ; l'autre du Conseil d'État en date du 20 octobre 1989, Nicolo... Il aura donc fallu plus de dix ans pour que les différentes juridictions françaises fassent une application pleine et entière des dispositions contenues au sein de l'article 55 de la Constitution...


Sources : Article 55 de la Constitution, Arrêt Société des cafés Jacques Vabre, Marie-Anne Frison-Roche


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